Fraichement arrivés à Santarèm après 43h de bateau, on hallucine devant la taille de la ville vue du fleuve, tout en longueur. On est loin du petit Santana et des villages ou maisons isolées au bord du fleuve. Pas mal d'animations dans le centre ville repérable à son église bleu ciel. Marché de petites cahutes bâchées de bleu, échoppes où il semble que l'on peut trouver de tout (hamacs, bibelots, épicerie, surplus militaire. ..), et rue commerçante pleine de vendeurs hurlant des promos dans des micros. Sensation bizarre qu'on ressentira plusieurs fois d'être au milieu de l'Amazonie mais aussi et surtout en ville bien sonore et florissante de trucs à vendre.
Ni une ni 2 on decide de sauter dans le bus, complètement blindé d'ailleurs et avec un système de paiement à tourniquet assez étrange mais ingénieux ..., pour aller à Alter do Chaõ (prononcé alte do chom). L'anglais aidant, nous rencontrons un type qui nous mène à la "comunindios" de Paolo brazil, genre de communauté installée sur un terrain de forêt tropicale composée de carbets au toit de palme où l'on installe nos hamacs, de petites "maisons" où tout se vit à l'exterieur, et d'un grand espace de cérémonie ayahuska (qu'on ne tentera pas...). Une super atmosphère de sérénité ! On y rencontre Sabine, française dite Bibine, habituée des lieux et qui deviendra notre meilleure prof de portugais. Rencontre aussi avec Bernard de Rio, patient et multilangue. Le grand avantage des comunindios est qu'en plus d'être bon marché c'est un lieu de passage idéal pour les rencontres éphémères et atypiques comme Alexandro le cuistot à bicyclette qui arpente l'Amérique du Sud depuis 16 ans, Francesca l'allemande arrivant de Colombie, Nick le guitariste anglais. ..Un bon petit village au bord du fleuve Tapajos, aux allures de petite station balnéaire avec plage, place principale où les gens aiment flaner et tchatcher. On prolonge donc notre séjour à profiter, à se cuisiner ensemble des plats d'enfer et à fêter l'anniversaire de Thomas arrosé à la cacaça avec maracuja et goyave au rythme du Carimbo ! Très belle soirée !
On se remet en route le dimanche pour Santarem. Tout une histoire... Journée de loose ! Santarèm prend des allures de désert caniculaire, les distributeurs font des siennes, le bateau du lendemain qu'on nous indique toujours plus loin paumé à l'autre bout du port, bref lendemain de cuite difficile ! Mais on se console par la vue de la confluence entre le Tapajos bleu-noir et l'Amazone marron-jaune, des eaux qui ne se mélangent pas. Et à 18h on retrouve les vendeurs de rue et un monde incroyable qui pêche et se promène le long du fleuve. On comprend le rythme brésilien, RAS de 13h à 18h, trop chaud !
Quelques autres impressions sur ce nord Bresil. .. Autant on peut trouver de quoi cuisiner des trucs d'enfer genre poissons au maracuja, viandes pas cher, autant les fruits et légumes peuvent être fadasses et vendus principalement dans les supermarchés. La musique est omniprésente, provenant des bateaux, des restaus, des maisons et des bagnoles qui ouvrent leur coffre tunning (ces dernières permettent d'ailleurs de choisir son ambiance si on mange sur le pouce dans la rue). Et bien sûr à donf !... et plutôt boum boum, reaggea, love, salsa...mélange de tout ça.
Pour planter un peu le décor. ..
Des charettes à bras un peu partout, des "lavagem" de voitures au bord du fleuve (pas de rouleaux ici mais mousse et huile de coude, tout y passe, maniac les mecs avec leurs bagnoles !), des déchets partout partout, odeurs bonnes et moins bonnes, moto-taxis habillés en fluo bien identifiables, bateaux de toute taille toujours avec des croix religieusement dressées, pour de multiples destinations (un sacré bordel pour s'y retrouver), une chaleur caniculaire même s'il y a des nuages, des "sor de sol" magnifiques (à négocier avec les nuages), des eaux super chaudes (autant que la mer des caraïbes), des vues plongeantes sur le fleuve qui donnent l'impression que c'est la mer, des uburus charognards dans toutes les villes et campagnes, tout le monde en short, mode féminine au moulant les bonnes formes et hauts à franges, mode masculine à la casquette portée à l'américaine, le billard comme passe temps devant tous les bars (y en a partout jusque dans le bled de bord de route), des manguiers pour remplacer nos platanes (et c'est la saison, on ne s'en prive pas !), des routes défoncées, des fils électriques à profusion, des oiseaux variés, des fourmis et moustiques aussi ! Muito muito bom !!!
Et c'est reparti pour la seconde partie de remontée de l'amazone direction Manaus. Gros bateau à 3 étages cette fois, où on lézarde dans nos hamacs pendant 3 jours. On hallucine des canettes et déchets abandonnés partout, une vrai porcherie ! Nous voici face à une incompréhension culturelle difficile ! Sinon le fleuve toujours paisible avec de nombreuses habitations colorées et des vaches à bosse !