Première semaine
passée à toute allure ! Nous sommes volontaires en pleine campagne, dans la
sierra equatorienne pour travailler avec les communautés alentours. Logés chez
le Padre Pierrick dans une grande maison d'accueil touristique communautaire,
nous nous retrouvons entourés de 3 scouts, de 2 étudiants venus pour les lamas,
d'une thesarde anthropologue avec sa mère, et d'un bon groupe de jeunes
volontaires, tous français ! Autant de monde, autant de français, ça nous fait
drôle ! Heureusement nous pratiquons encore notre espagnol avec Suzana et sa
soeur Paola qui nous font la cuisine et s'occupent de ce lieu bien agréable il
faut le dire ! Confort, eau chaude, chambre avec couette et couvertures, ordi à
dispo, salle commune avec cheminée, dvd et jeux !! Au premier coup d'oeil on
repère déjà avec de grands yeux ronds et avides la course à la lune (ou level
up) et citadelle ! Youhou !!!

Mais bon, on est
pas venu là pour chômer, on passera nos journées à La Moya, petite communauté à
1h de marche, pour aider sur le chantier d'un autre lieu d'accueil touristique
puis sur les sentiers de rando. On travaille directement avec les habitants et
ça c'est le top ! Suffit de s'adapter à l'organisation au jour le jour ! On
s'est lancé comme ça dans la maçonnerie dès le premier jour et on a appris à
faire bien plus tard avec Vicente notre chef de chantier. Du coup 2 à 3 jours
pour un encadrement de porte et demi, et un rebouchage de hauteur de mur refait
3 fois à 8 personnes ... mais bon, on y arrive ! En parallèle, Katia se lançait
avec les femmes dans les sentiers de rando à la recherche du circuit et des
travaux à faire. Sacré discussion qui rameute même Vicente et d'autres devant
les panneaux des circuits pour se mettre d'accord sur les cartes qui ne sont
plus à jour ou en tout cas plus en phase avec la réalité. Du kishwa à
l'espagnol, ça discute sévère ! On finira par definir un chemin sur place et à
se lancer dans la réalisation de marches et de bouts de sentiers manquants à la
pioche pendant 3 jours. Ce qui suscitera d'ailleurs la curiosité voire
l'incompréhension de certains habitants qui se demandaient bien pourquoi
on partait à 5 ou 6 dans la montagne avec des pioches chaque jour... fous ces
français?

Chaque midi, une
famille differente nous prépare à manger chez eux, on fait donc le tour des
maisons et des niveaux de vie par la même occasion ! On est toujours reçu au
petit soin et à chaque fois les gens terminent machinalement par "Disculpe
la povresa" - Excusez la pauvreté... tu restes sans voix la première fois !

Les gens sont
super abordables, curieux, blagueurs. Tous te saluent même à l'autre bout du
champ, ou viennent directement tailler la bavette. Ça cause mariage, enfants,
bouffe, production agricole, crochet et tricot (nos bonnets péruviens
suciterons d'ailleurs pas mal d'intérêt...) , coût de tout et rien... Tu sens
que les gens n'ont pas grand chose ici, ça vit des champs (patates, yuca,
feves, quinoa, maïs) et des vaches, moutons, cochons, lamas et alpagas. La
retraite n'existe pas, les vieux sont encore au turbin pliés en 2, les femmes
bossent comme des dingues c'est incroyable...Elles sont d'ailleurs tout le
temps en train de filer la laine, en marchant, en parlant... faut dire il faut
une semaine pour filer une bobine !!

Mais comme on l'a
déjà ressenti auparavant on est loin du fatalisme et de l'apesantissement sur
soi ! Ça rigole et ça sourit tout le temps, le pays bouge vite et les gens ont
cette dynamique, ils se lancent et avancent.

Ils ont aussi un
fonctionnement communautaire très différent du notre ! Il y a une sorte de
conseil municipal qui change il nous semble tous les 3 ans avec un président
coopté. Son rôle est de mener à bien les décisions de la communauté et les
mingas car TOUT est décidé collectivement en réunion avec un représentant de chaque
famille. Et pas par le vote non ! Mais par le consensus seulement. Les réunions
peuvent donc durer des heures, voire être reportées sur plusieurs jours
jusqu'au consensus. Pour tous les projets communautaires sont organisées des
"minga", du temps de travail dû à la communauté. Ça peut être des
grosses minga où un représentant de chaque famille vient pour travailler sur
une route ou autre... ça peut aussi être comme au chantier de La Moya où chaque
jour 2 personnes viennent faire leur minga en aidant ce jour là les maçons, que
ce soit homme, femme ou adolescent. Ça change chaque jour jusqu'à faire le tour
de toutes les familles. Ca peut aussi être une minga sur un temps donné. Par
exemple pour une clôture, chaque famille se voit attribuer un trou à faire et
un poteau à mettre à un endroit précis et il y a une date butoir à laquelle ça
doit être fait. Bref un fonctionnement qui se ressent tout le temps car tout le
monde est au courant de tout, et ça discute tout le temps les uns avec les
autres. Bon faut dire aussi que la vie de famille fait aussi partie des sujets
discutés en réunion, que les communautés indigènes peuvent également juger sur
leur territoire, au sens de la loi (c'est constitutionnel) si elle ne desire
pas se tourner vers la police, que tout ça est lourd, lent...

Entre autres
activités, on s'est offert une journée de pause pour aller au marché de Guamote
haut en couleurs ! Les ponchos, les ceintures de femmes, les jupes aux liserés
travaillés, les broderies... vraiment très beau ! Ambiance grosse foire,
jusqu'au marché aux bestiaux un peu plus loin où on a pu se rendre compte de la
valeur des bêtes, 80 à 100 dollars pour un mouton ! (On sait aussi qu'un alpaga
peu couter jusqu'à 500$ !!)

On finit la
semaine tout seuls ! Tous les autres ont fini leur séjour ici ou sont partis en
week end. On profite de Suzana et Paola pour rigoler un peu et leur apprendre
le pain perdu. Aujourd'hui dimanche (jour des crêpes d'ailleurs hum!!!) c'est
la fête annuelle à La Moya avec rodéo de taureau, vamos a ver...

En tout cas on
est bien ici, c'est super intéressant et on en apprend beaucoup sur le
fonctionnement communautaire, la politique du président Correa et plein
d'autres choses ! On va sûrement rester jusqu'à 2 ou 3 jours avant la fin
de notre voyage en Amérique du Sud, où nous attend notre vol à Quito pour
la Nouvelle Zélande.