Nouvelles semaines, ça y est les vacances c'est fini. La rentrée approche donc recrutement. Ils ont besoin de deux profs mais il y a qu'un candidat qui parle... un peu vite et bizarre mais au moins il a un bon anglais. Un deuxième se présente quelques temps plus tard mais bon... il parle pas vraiment anglais et tu comprends pas les questions, il ne sera pas embauché. Il y a quand même 400 gamins qui arrive lundi, le double d'avant ! Pas vraiment facile de trouver des profs qui veulent travailler loin de la ville. Et encore moins des femmes car il fait noir et elles ont peur de rentrer à 6h du soir...
Une belle rentrée bordélique à souhait surtout quand, dans une classe de 28, il y a 40 gamins qui rentrent et que la moitié ne connaissent même pas leur nom ! C'est complètement fou ! Du coup on décharge Mr Thy de 3 de ses classes pour lui permettre de réorganiser les classes et faire le tour des nouveaux profs et assistants teacher ! Il faudra bien une semaine pour ça ! D'autant que certains ne viennent pas du tout, d'autres juste les premiers temps puis on les voit plus, trop loin, trop ci ou ça, et d'autres viendront mais avec une semaine de retard, ou encore d'autres non inscrits mais qui viennent au risque d'être refoulé pour pas en avoir 20 autres jaloux débarqués. Dur dur pour Mr Thy qui veut lutter contre la culture locale pas très prompte à l'engagement envers l'école que ce soit des élèves, des parents et même des profs. OBT fera d'ailleurs un discours d'entrée pour expliquer les règles ici et l'engagement !
On passe donc à 2h de classe les matins avec nos jeunes, puis 2h de cours d'aprem apprentissage de l'alphabet et des sons, suivi d'une heure avec une classe qui travaille sur des textes lecture questions, mais sans traduction du texte c'est pas toujours facile ! Et la journée s'achève et nous achève avec une heure en soirée avec nos ados ! Entre-temps on va aussi sur les bateaux de croisière, on travaille sur quelques mails et sur les projets, on écrit des dossiers avec Sophal, bref à 20h30 on va se coucher car on est KO !
Ces semaines nous ont aussi permis de plonger plus profondément dans la culture khmère. Au programme, un premier mariage ! on se retrouve maquillée et robe de soirée pour Katia, pantalon noir et chemise blanche pour Thomas, accompagnés de trois élèves de Katia. À 17h30 on s'installe à une table ronde, juste devant la scène et le son à fond, et on attend d'être table pleine pour commencer quoi que ce soit. Après, c'est parti ! la bière coule à flot, la bouffe aussi, noodles, lok lak de bœuf, poulet entier à décortiquer avec les baguettes, soupe, riz le tout au centre sur un plateau tournant. Toutes les deux minutes on te ressert en bière avec glaçon et pas question d'avoir son verre trois quart vide. Tes voisins t'invitent à trinquer sans arrêt. Vient très vite l'heure de la danse, alternant chansons khmer et musique de boîte de nuit ! les invités tournent autour d'une table ronde en dansant, et s'il y a des barang, français, c'est encore mieux ! Pas le choix ici si tu es happy il faut danser et entre deux sessions danse il faut trinquer. On nous tire d'une table à l'autre verre plein avec demande expresse de cul sec. On nous tire aussi pour aller danser, une femme ou une autre veut absolument que Katia danse à ses côtés. On gère au mieux, on est quand même teachers et tout le monde nous regarde. À 10h du soir une bonne partie sont partis déjà et nous sommes pressés pas Sinoun pour rentrer à la maison. il faut dire que le mariage reprendra à 4h du matin... En fait la soirée de mariage ressemble plus à une fête de village, rien de spécial à propos des mariés que tu aperçois rapidos à l'accueil. Et pis tu paies ta soirée ! 10 à 20 $ par famille ! Et c'est enregistré sur un registre. Quelques jours plus tard, Sophal nous annonce pas de classe ce soir vous allez à un mariage ! Ha bon ! Et oui, No et Chanta ont 3 mariages ce soir ! du coup vous allez représenter la famille pour un des mariages, vous inquiétez pas ils payent pour vous ! Nous voilà embarqués, maquillage en moins cette fois, pour pour un mariage à 20 minutes de tuk tuk. Sophal au volant, Soney passager avec Saya le fiston de la famille. Ce mariage est exactement comme l'autre, même groupe de musique, même menu, même nappes et couvre siège, meme bière ! La différence, notre driver qui gère commence à être un peu saoul ! on réussit tout de même à s'extirper de la piste de danse pour repartir. Mais là, impossible de démarrer le tuk tuk. Heureusement Saya qui le démarre chaque matin est là et a le coup de main. Nous voilà donc partis en klaxonnant, zigzaguant et criant tout au long de la route ! Sophal est déchaîné ! On passe à fond dans le village klaxon à balles pour déposer Sony dans la partie musulmane un peu plus loin. Pas évident d'ailleurs pour lui d'être partagé entre deux cultures. Les khmèrs qui veulent qu'il danse et boive et les musulmans qui lui demande mais pourquoi tu danses ? il s'adapte jongle entre 2 cultures dans un même village.
Notre petite vie de famille nous laisse découvrir le tempérament khmer. Jaloux ! Oui, il s'agit d'être équitable quand tu donnes de l'attention à quelqu'un sinon c'est la porte ouverte aux "tu m'aimes pas !" grimace sévère a l'appui. Et c'est vrai aussi bien pour les enfants que pour les adultes . si personne ne se plaint jamais des conditions de vie, c'est pas les mêmes des relations sociales. À l'exemple de Sokha qui nous explique que Mr Thy il est méchant et ne l'aime pas parce qu'il l'a changé de classe ! en fait elle a juste pas passé l'examen du coup elle se retrouve dans une classe à son niveau...venant d'une prof de khmer de 40 ans on hallucine ! Les Khmers sont aussi tactiles beaucoup beaucoup !!! Plus les liens se tissent, plus les contacts physiques sont nombreux et parfois désarçonnants pour nous ! C'est toujours troublant et émouvant. 
Et pis joueurs ! Thomas a passé de longues soirées à jouer à toi tu es un crazy Monkey,dog, koala... avec les gosses qui te tirent les cheveux ou te sautent dessus ou même te tabassent ! Et oui, ici une petite tape sur les fesses ou sur le front c'est un je t'aime. Les calins c'est aussi de belles fessées !!! Et si un jeune vient embêter Chanta, ni une ni deux, chat bite ! 
Le langage khmer, c'est aussi beaucoup de cris ! Ouaeuh pour appeler quelqu'un, Hummmmm pour la surprise ou si c'est pas comme je veux. Toute une panoplie ah c'est marrant ! On s'y met vite !

On a aussi beaucoup parler politique, religion, culture, éducation, guerre et de la vie de Sophal. Sa vie ? Comment dire... impossible à résumer, on pourrait croire qu'il a eu au moins 10 vies différents. Manar en Thaïlande, vendeur de noodles de rue, ou de livres, prof d'anglais, plongeur traducteur dans un resto ou dans un casino... une succession de situations rocambolesques ou plusieurs fois il a bien failli y laisser sa peau, vraiment de justesse ! Une chose est rapidement apparu dans sa vie, son dévouement et son idée fixe : aider. ça lui a d'ailleurs valu un divorce ! C'est comme cela que finalement OBT est né, pour aider les habitants de chiro son village natal. Mais qu'est-ce que c'est compliqué ici ! exemple, la nouvelle route en construction dans le village ou le nouveau pont sur le Mékong. En fait ce sont des constructions électorales. On commence à construire parce qu'on dit qu'on aime le peuple, et avec l'argent des investisseurs vietnamiens et chinois en échange de déforestation, mais faut pas oublié de nous réélire sinon c'est pas dit qu'on finisse ou qu'on fasse autre chose pour vous. Le pouvoir est pourri par la conquête de belle fille, de beaucoup de sous et de pouvoir tout simplement ! Beaucoup sont vietnamiens et parlent à peine khmer ! La corruption galopante est catastrophique !OBT paie d'ailleurs le prix car trop souvent Sophal est amené à prouver, expliquer qu'OBT est une association intègre. Il nous avoue aussi être parfois découragé par cette réalité et surtout se sent honteux et coupable, du coup laisse parfois quelques donations qui insistent pour des garanties. Du côté religion c'est pas beaucoup mieux ....au lieu de suivre les préceptes du Bouddha et de partager leurs savoirs et assurer leur rôle d'éducation, la plupart des pagodes passent leur énergie à organiser des cérémonies où les gens payent et apportent des offrandes, à mendier des sous, pour construire toujours plus et plus grandes des pagodes dans tout le pays. Sophal et Mr Thy lutte d'arrache-pied pour expliquer aux gens qu'il vaut mieux utiliser leur argent pour éduquer leurs enfants et avoir une bonne vie ici, plutôt que d'acheter une hypothétique bonne vie future. Pas facile tant le système religieux est important ici. Et coté éducation, les profs sont vieux, usés et ont des classes de 60-70 gamins ! Bref voici seulement quelques exemples mais ça prendrait des heures à tout expliquer. 
Un mois déjà, le temps a filé bien vite et c'est à présent le moment des adieux. On commence dès le vendredi soir où Mr Thy vient nous saluer et me remercier après la classe. Ému tout comme nous, la larme à l'oeil, quelques embrassades et le voilà parti en moto sans se retourner. Samedi, dernier jour de classe, on prépare notre leçon au petit-déjeuner et quand on se pointe dans les classes, bizarre, aucune tongs en bas de l'escalier, et plus bizarre encore, il n'y a pas les filles ! Takada nous appelle avec des cris et des gestes de la main depuis le bureau de Sophal qui nous explique que non il n'y a pas cours ce matin car les élèves sont busy ! Pourquoi ? Et bien entre autres pour préparer la fête de départ de leurs professeurs ! Du coup dernier jour relax qui se termine par une farewell party ! Enceintes sur une charrette, dessert à la banane cuisiné par les jeunes, danse à fond et pour finir une rangée d'élèves qui en cœur nous disent thank you ! Émotion ! Après la petite soirée on rentre à la maison pour un dernier " niam baï" et après le repas c'est autour de Chanta de nous dire en khmer et en enlassade qu'elle est bien triste de nous voir partir, et No qui tourne autour... Dur dur. Au petit matin Katia se réveille tôt et sort Thomas du lit à 6h30 car Chanta part au champs et veut son lot de câlins avec ses deux Barang. Nos yeux sont rouges et elle part sur son vélo sans se retourner. Sophal passe nous voir un peu plus tard et après quelques mots et câlins le voilà lui aussi en route sans se retourner. Le moment du départ s'approche voilà Sokha la voisine qui saute sur Katia et nous demande comme tous les autres quand on reviendra, est-ce qu'on le promets? Le Maire ou l'adjoint on sait pas très bien est là aussi à faire le curieux mais à dire au revoir quand même. Et aussi quelques uns des élèves qui font un petit bye-bye au loin. finalement c'est à eux qu' on n'aura pas dit au revoir, tous disparus dès la veille... On sentait bien que les derniers jours de classe étaient les derniers... Particuliers. on arrive finalement à l'arrêt de notre bus avec No qui nous conduit en tuk tuk. on se tient les mains un bon moment sans rien dire et nous paye une dernière cigarette et s'en va vite sans se retourner. vraiment pas facile de quitter Chiro village !
Mais là pour se remettre la patate, on rencontre 2 espagnols pour une nouvelle aventure !