Par respect pour les personnes citées on n'a pas mis leur noms pour que cet article ne puisse pas permettre de remonter jusqu'à eux dans le cas d'éventuelles recherches. Mais bon c'est peu probable vu le nombre de personnes qui visitent notre blog ! Tout débute par cette rencontre avec K. Nos recherches et contacts mis en commun avec Eugénie nous ramenent vers lui. Il est responsable de la CPC, coopérative des producteurs de café des Boloven en commerce équitable. K. est un Franco Lao ou plutôt un Lao de culture française comme il aime à dire, son passeport est Lao et il a vécu de nombreuses années en France, parti en 1975 comme de nombreux autres. Il n'y a pas de double nationalité possible avec le Laos, ce qui amène à d'étonnantes situations comme on le découvrira avec nos hôtes des Boloven qui sont français nés au Laos. Ça veut aussi dire qu'il a un salaire lao, tout petit donc ! K. a une bonne cinquantaine d'années, petit personnage souriant et bavard pour notre grand plaisir. C'est un homme cultivé qui connaît autant le Laos que la France, très éduqué, issu d'une famille aisée, on remarque vite la différence avec la plupart des gens, l'éducation fait vraiment une grosse différence ! Il est très poli et cordial et sait recevoir 3 vagabonds français en les arrosant allègrement de café et en leur donnant tout son temps ! Comme il aime à nous le dire, la CPC est née de vos impôts, nous vous sommes redevables et vous accueillons comme il se doit ! Il n'est pas toujours facile à suivre, il saute du coq à l'âne, fait des parenthèses à n'en plus finir, on remarquera cette difficulté avec toutes nos rencontres Franco Lao. Peut-être une autre logique de la langue Lao ? Bref, on s'accroche et on plonge dans l'histoire du Laos, le rôle de la France, la guerre du Vietnam, la révolution de 1975, la CPC (voir article Eugénie), les différents régimes et le Parti actuel. Il faut quand même dire que la CPC est une coopérative d'État, K. bosse donc pour le Parti et a même reçu la médaille du Parti ! Mais quand même il va se lâcher un peu, c'est pas tous les jours qu'il peut s'exprimer en français comme ça et il prendra quelques risques pour nous faire savoir son opinion et nous plonger dans les difficultés qu'il rencontre. Il nous parle de problèmes internes à la CPC, des manques de formation et d'éducation, de la difficulté de trouver des gens compétents qui prennent des responsabilités. Il se dit même prix Nobel de la patience ! On retrouvera ce problème à maintes reprises et on l'avait déjà perçu au Cambodge mais dans une moindre mesure. Apparemment il faut sans cesse répéter, pendant des semaines et des mois avant que la moindre petite chose rentre ! Exemple, 3 semaines pour que la femme de ménage mettent bien du papier toilette, avec certainement beaucoup de répétitions car aujourd'hui il y a trop de rouleaux ! Plusieurs mois pour éteindre la lumière des toilettes avec petit mot scotché pour le rappeler... Alors pour les tâches de travail et la formation, c'est quelque chose ! Il nous parle aussi des élites richissimes qui vivent dans un autre monde, de la princesse du café qui a des pouvoirs impressionnants digne d'une reine autoritaire, de personnes disparues qui avaient trop ouvert leur gueule en public, des élections qui se sont déroulées il n'y a pas si longtemps et qui dictent à l'avance qui seront les 3 premières têtes de l'unique Parti. On commence à percevoir une face peu glorieuse du pays. K. nous met rapidement dans les bras plus qu'acceuillants de B. et de son mari S. qui vivent sur le plateau des Bolovens. Nous resterons une dizaine de jours chez eux, aux petits soins, comme en vacances ! Ce sont des Franco Lao, nés au Laos mais partis en 1975 faire toute leur vie en France jusqu'à la retraite. B. vit aujourd'hui principalement au Laos en ne passant que l'été en France auprès de leurs enfants tandis que S. passe plus de temps en France. Il a des difficultés à supporter la mentalité lao même s'il adore son pays d'origine. Petit point sur l'importance de la nationalité. Ils ont un passeport français et la double nationalité n'existe pas avec le Laos. Cela veut dire qu'ils vont régulièrement à la frontière thaïlandaise pour renouveler leur visa tous les trois mois et paient 30 dollars à chaque fois. Ils sont donc considérés comme des étrangers dans leur propre pays. pas question d'héritage donc ! Tous les biens de famille leur sont inaccessibles. Pas d'accès aux droits lao si peu qu'ils soient ! En gros pas question que des laos éduqués à l'étranger viennent au pays s'immiscer dans la vie politique, sociale ou autre. Tu peux donner ton argent mais c'est tout ! Et d'ailleurs dans la culture lao tu te dois de soutenir financièrement tes parents et tes proches au sens large quand tu pars et quand tu reviens. Pour certains expatriés cet aspect est très dur car ils ne gagnent pas assez pour ça et donnent tout ce qu'ils gagnent sans pouvoir construire leur vie. Apparemment, dépassé 60 ans, tu es dispensé de visas si tu es d'origine lao. Hé oui à cet âge là tu n'es plus une menace, juste un paquet de fric ! B . est une espèce de Mère Teresa qui ne peut s'empêcher d'aider les pauvres, de construire des écoles, de prendre en charge certains enfants, profs ou autre cas particuliers. Issue d'une famille aisée et elle a eu la chance de s'en sortir en France, elle aime les choses simples et aider son pays par de petits gestes précieux sans faire de politique, trop dangereux. C'est la seule de sa famille a être partie en France. Son frère était militaire et pas du côté communiste donc plutôt menacé et ne pouvait pas quitter le pays (il n'en ressortira pas vivant et ce détail fait qu'aujourd'hui encore sa famille est à l'oeil !) Sa mère a décidé d'attendre son fils pour s'occuper de lui au cas où il reviendrait, sa sœur ne savait pas nager donc ne pouvait pas traverser le Mékong pour s'enfuir du pays. Avec eux vivent deux jeunes filles de 13 et 15 ans. Ce sont deux filles des domestiques de leur famille sur plusieurs générations. Elles ont toujours ce rôle de "domestiques" car elles travaillent pour la famille : entretien du jardin, certains repas, ménage, etc mais on est loin de l'exploitation ! C'est plutôt une chance pour elle d'apprendre des choses: le travail, la propreté, l'intendance, le jardin et surtout de manger à leur faim. On retrouve ici le travail de patience et de répétition qu'il faut pour ça ! Elles peuvent aussi récupérer le café cueilli pour le vendre avec leur famille qui par contre garde souvent 80 % pour eux mais bon ils sont très pauvres et ici la reconnaissance à témoigner aux parents est très importante... D'ailleurs on est très fier d'avoir ramasser le café pour elles, elles ont gagné 100000 kips soient un peu moins de 10 euros ! Mais quand on sait que le salaire est souvent entre 100 et 150 euros par mois, c'est pas rien ! Il y a aussi Tim employée de maison, elle a 35 ans et 2 enfants. Elle travaillait avant pour la sœur de B comme je crois prof à l'école maternelle mais elle a perdu son emploi quand elle est tombée enceinte. Et oui quand on te remplace ici et tu ne récupères pas ta place sauf si tu es fonctionnaire titulaire, seul cas où tu as des avantages et quelques droits du travail. Du coup B. l'a prise sous son aile pour la maison et développer un peu l'accueil de tourisme ou d'amis en vacances. Grâce à elle, Tim a fait un grand chemin, elle a appris beaucoup de choses, elle n'a plus peur du micro-onde et gère ça comme une chef, ce qu'elle est aussi pour les 2 petites. B. l'a pousse à développer des compléments d'argent en vendant des fleurs, des arbustes, des noix de macadamia, des fruits, des cafés glacés en bord de route ou des smoothies, le tout à ses frais. Encore un sacré exercice de patience ! Elle investit comme elle dit car elle veut que Tim soit indépendante et s'en sorte dans la vie. Elle dit qu'on la prend pour une folle ! On lui remet un tas de diplômes ! Ici, à chaque bonne action, c'est à dire financement quel que soit le montant on te remet un diplôme. Quand les gens placardent tout ça sur un mur avec fierté, B. les oublie dans les tiroirs, et pourtant elle en a toute une collection ! Sa maison est toute simple, pratique, aucune richesse étalée. Tout est très bien fleuri, elle adore ça ! Elle fait pousser beaucoup de fruits et nous régale tous les jours de smoothie et desserts fruités. Autant ça nous paraît naturel mais ici c'est apparemment une vie extraterrestre pour une personne aisée. On l'appelle même parfois la paysanne ! Quand tu as de l'argent, tu ne touches pas la terre ! Tu achètes tout, dans des endroits courus, des trucs très très chers, plus c'est cher mieux c'est pour la fierté ! alors le smoothie c'est pour les paysans ! Même pas pour les pauvres qui n'ont pas d'arbres fruitiers, ils ne voient qu'au jour le jour et c'est pas dans la logique de planter pour le futur, d'attendre 7 ou 10 ans, et puis il faut de l'eau pour arroser ! Étrange à comprendre quand tu n'as vraiment rien à manger, à part des oiseaux et des cigales à écraser dans du piment accompagnés de riz. B. nous a emmené dans le village derrière chez elle et effectivement c'est vraiment pauvre. Les gens ont quelques plantations de café mais pas grande et quand on connaît le cours du café laisse tomber ! c'est pas ça qui fait vivre, alors ils font aussi beaucoup de vannerie avec du bambou qu'ils vont chercher à pied à plusieurs kilomètres et sinon ils vont se faire embaucher pour aller abattre du bois précieux dans les trafics illégaux. Les maisons sont assez sommaires, petites, avec des murs tressés et quelques tôles, d'autres sont plus classiques avec du bois et plus vastes, on voit vite différents degrés de pauvreté. Certains n'ont même pas l'eau et la plupart du temps pas de toilettes ! Par exemple B. a fait venir un jardinier du village et elle l'a surpris entrain de faire prendre la douche à toute la petite famille dans les fûts de son jardin et même de faire des allers-retours pour remplir des litres et des litres et des litres d'eau, pas loin de 100 litres, le tout sans lui demander la permission ! Et oui c'est souvent comme ça la culture lao, on ne demande pas on prend, ce qui énerve un peu B., elle leur aurait donné bien volontiers. Elle leur a aussi fourni à manger, donne régulièrement des vêtements et tout un tas de choses, qui des fois disparaissent comme les casquettes qu'elle a payé pour tout le village, disparues ! Mais le pire pour eux pour s'en sortir c'est leur niveau d'éducation affligeant et un caractère très peu travailleur à ce qui se dit beaucoup ! Ajouter à cela l'importance de l'apparence qui passent par le fric et l'aspect matériel, et la Maxime valable pour tous, ne jamais perdre la face, quite à mentir, écraser l'autre, envoyer ses enfants dans des situations de traffics humains. Ils nous ont raconté des tas d'exemples simplement invraisemblables, d'ailleurs on a douté de leur véracité ! Mais on n'a vu ce que cela donnait niveau éducation et corruption et tout devient possible ! D'abord quelques exemples sur le niveau d'éducation ! 1km c'est de là au portail ? demande la jeune fille de 15 ans à B. Loin du compte ! C'est parti pour une explication mais faudra y revenir ! Lire l'heure, idem. Autre exemple, ils ont la manie de tout brûler sans réfléchir. Un truc en bois qui traine hop brûlé ! Ben oui mais c'était un plan de travail et un étau que S. avait construit. Idem notre filtre à eau, on l'a laissé traîner une nuit sur une table, on l'a retrouvé près à brûler dans le tas de poubelles ! Pas de questions à se poser ! Idem pour les mouchoirs en tissu ou même les chaussettes qui ne sont pas assez lavés du coup vite abandonnés et jetés dès que c'est trop sales. Il n'ont pas grand chose mais ne savent rien économiser ni entretenir pour que ça dure. Tout ce que B. leur donne pour la cuisine ou autre ne fait pas long feu. Autre exemple, le chef du village doit faire un reçu pour le financement de l'école. Il ne saura pas écrire le bon montant et se trompera dans le nombre de zéro à mettre pour des millions de kips. Et pourtant c'est le chef ! Un dernier exemple plus criant, la mission locale passe dans le village pour expliquer la contraception et l'utilisation du préservatif qu'ils ont allégrement distribué. La jeune lao de la mission locale étant prude comme les laos le sont généralement, montre l'utilisation sur son pouce. Les gens reviendront plus tard disant que ça ne marche pas, même s'ils ont fait comme elle, exactement comme elle ! Ben oui sur le pouce !!!! Si si !!! Voilà pour le niveau, alors imaginez quand des requins viennent les exploiter en leur faisant miroiter des vies meilleures par des arguments foireux, ça marche ! L'agriculture façon Monsanto pour n'en citer qu'un. Maintenant passons à l'école, même si tous n'y vont pas ou juste au primaire. Nous sommes allés visiter par surprise une école que B. a financé. À peine arrivés on voyait les gamins courir pour ramasser les détritus et les mettre à la poubelle sous le regard pressant des professeurs à l'extérieur ! On hallucine mais c'est que le début ! Une fois arrivé on découvre que les profs ne sont pas là, enfin un des profs est avec son ami qui est venu le visiter donc il ne donne pas cours et la deuxième est juste là dehors à ne pas donner cours non plus car il y a une visite et elle n'a pas l'air très emballée pour donner cours ! C'est vraiment incroyable ! Les gamins sont du coup rentrés dans les salles histoire de faire bonne figure mais ils s'emmerdent à mourir ! Vraiment là on comprend pas. On reste un petit moment à parler avec les profs et même quand on s'en va les cours n'ont pas l'air de reprendre pour autant ! On questionne tant qu'on peut nos hôtes sur ce problème et on finit par apprendre que le prof en question n'est pas payé en fait, il est contractuel et ça dépend de la communauté. Mais ici la communauté est pauvre et n'a pas les moyens de le payer ou de le nourrir ! On apprend aussi qu'avant, il y a quelques mois, il vivait chez nos hôtes logé-nourri-blanchi mais qu'il a décidé de partir vivre dans une petite cabane tout seul pour retrouver sa "liberté". Et oui, être pressé par B. pour préparer les cours et par Tim pour donner un petit coup de main, ça avait pas l'air de lui plaire ! Il préfère vivre sans rien du tout même pas de quoi cuisiner ! Comme tous les autres contractuels il attend la titularisation le Graal du fonctionnaire ! Avantages avec congés payés, santé, et tout le tralala. Son copain qui était venu le visiter vient justement d'être titulaire. Tout content il a expliqué qu'il avait attendu 4 ans pour ça sans être payé et qu'il a dû quand même payer cette place une sacrée somme, 12 millions de kip, 120 euros ! Et oui ici la moindre place se paye et tu paies dès qu'il y a une signature alors s'il faut passer par plusieurs signatures il faut payer à chaque fois. Par exemple pour rentrer en première année de médecine il faut payer 50 million de kip 500 € !!! Et ça compte pas comme frais de scolarité hein c'est juste pour la signature ! La corruption ici c'est un vrai mal du pays. Comme le dit B., le problème n'est pas tant la corruption il y en a partout même en France, c'est qu'ici la corruption c'est minimum 80 % des frais et c'est tout le temps !!! Si ça ne s'appelle pas de la corruption, les gens demandent aussi des sous à la moindre occasion ! Par exemple B. a financé la construction de l'école, aujourd'hui elle a besoin d'un bon coup de peinture du coup elle achète la peinture et leur met à disposition. Après quelques temps où rien ne se passe elle s'en va demander pourquoi la peinture n'est toujours pas posée et on lui répond qu'il n'y a pas de budget pour ça qu'il faudrait payer pour peindre ! Un comble quand c'est elle qui a tout financé ! Idem pour remettre la pancarte droite, ou corriger une faute d'orthographe telle que ''écolle'' pas de budget ! Les laos sont vraiment durs entre eux, peu de solidarité voire pas du tout, des regards intransigeants et cette course au fric est permanente, c'est l'unique preuve de réussite. Les plus fortunés ont l'argent mais aussi le pouvoir et savent le montrer, corruption bien sûr mais aussi irrespect des classes inférieures qui sont vite exploités verbalement et\ou physiquement. Une amie d'enfance de B. va chez le masseur et ordonne sans ménagement, Qui est le meilleur ici ? Qu'il vienne ! S'il ne fait pas comme il faut elle l'envoie chier comme du poisson pourri ! Si elle a faim, le masseur doit aller chercher à manger pour elle et bien sûr elle mange en se faisant masser comble de d'impolitesse ! Un exemple frappant aussi pour montrer sa richesse, la bagnole ! Il y a partout d'énormes pick up rutilants ! Et tu peux aussi montrer ton pouvoir par la plaque d'immatriculation ! Bleu et banche pour le gouvernement, il y a aussi celle rouge des militaires, et sinon tu peux choisir des belles sessions de numéros, 4 pareil par-exemple ! Et là tu as tout les droits, aucun flic ne va venir t'emmerder ni personne ! Il y a des centaines d'exemples déjà oubliés qui font vomir. Alors d'où ça vient tout ça ? De l'histoire difficile, des guerres sans relâche, des bombes B 42 dont on voit les traces partout car c'est le pays record en terme de bombes sur la tête (voir autre article d'Eugénie à ce sujet), du pillage par ses pays voisins et notamment les chinois, du tempérament nonchalant et fataliste, du manque d'éducation... ???? Un dicton colonial français dit : les vietnamiens font pousser le riz, les cambodgiens le regardent pousser et les laos l'écoutent pousser. Ça en dit long sur leur capacité à développer un pays !!! S. nous parle plutôt du régime de la vengeance, à demi mot et la voix basse même si absolument personne ne peut nous entendre. Des membres du Parti qui viennent tout droit d'une guérilla retranchée dans la jungle qui vivait comme des animaux, avec des idées de conquistadors communistes et qui ont gagné le pouvoir en 1975. La vengeance est amère, les gens se délectent dans le pouvoir, le fric et les filles, beaucoup beaucoup de prostitution et d'histoires de conquêtes !!! Voilà l'exemple de l'élite qui a pris le pays en gangrène, tout le monde s'y met ! La vengeance glace complètement ce pays qui a pourtant de nombreuses richesses. Nous avons heureusement vu aussi l'extrême gentillesse peut être pas trop entre eux mais qu'ils ont avec nous, les portes ouvertes, le stop, les cadeaux... Ça remonte le moral ! Et on enchaîne sur Pimay, le nouvel an lao où les gens se lâchent et festoient ! Bien plus léger ! NB : c'était pareil au Cambodge ? Certainement que beaucoup de choses se retrouvent, mais pas dans ces proportions, c'est sûr ! Et la mentalité est assez différente. Ils semblent aussi plus travailleurs un peu plus libres d'agir et de parler. Au Laos, la peur est réellement présente et paralyse l'idée même de changement.